Le château de Pierrefonds

Pierrefonds

Ancienne ville-thermale que surplombe le célèbre château revisité par Viollet-le-Duc.

Pierrefonds-les-Bains était autrefois une station thermale, avec ses eaux sulfureuses et ferrugineuses, sa gare, son casino et ses curistes. Et si cette époque est bel et bien révolue, il y flotte toujours un petit parfum d’élégance et de nostalgie…

Des villas XIXème aussi somptueuses qu’atypiques, une ancienne gare, une église du XIe siècle, un lac bucolique qui s’étend paresseusement au pied de la forteresse médiévale réinventée par le XIXème siècle, font de Pierrefonds un des lieux incontournables de l’Oise.

Tel Camelot qui serait enfoui au cœur de la forêt de Brocéliande, le château de Pierrefonds pousse ses tours à clochetons au-dessus des frondaisons de 14 000 hectares de chênes et hêtres.

De Louis d’Orléans à Viollet-le-Duc. Au XIVe siècle, Louis d’Orléans, le frère du roi Charles VI, fît construire un château en lisière de la forêt de Compiègne dans l’Oise, proche de Paris. Au fil du temps, le domaine continue d’intimider et connaît donc plusieurs sièges destructeurs. Au XVIIe siècle, il est totalement démantelé, mais ses ruines n’en demeurent pas moins impressionnantes. Avec l’apparition du romantisme et le succès de l’œuvre de Walter Scott au XIXe siècle, le Moyen-Age et les vestiges médiévaux deviennent à la mode. Séduit par la beauté de Pierrefonds, Napoléon Ier achète les ruines sans avoir toutefois le temps de les restaurer. Il faut attendre Napoléon III pour que le château retrouve sa splendeur passée. En 1857, il confie sa restauration à l’architecte Viollet-le-Duc.

Une restauration inspirée

Grand architecte de l’époque, Viollet-le-Duc redresse les remparts et les tours de quarante mètres avec pour ambition de faire du château un exemple du savoir-faire français. S’il reste fidèle au style gothique général, le maître d’oeuvre libère toute son inventivité sur certaines parties de l’édifice. En effet, l’histoire de la restauration commence et l’on se demande encore comment restituer les parties de monuments dont il ne reste rien. Ce vide, Viollet-le-Duc le comble grâce à son imagination et s’inspire d’aquarelles du château de Pierrefonds qu’il a peintes pour composer son oeuvre.

Vue du ciel château de Pierrefonds
©La Poze

Extravagances architecturales

Double enceinte, échauguettes, meurtrières, mâchicoulis et chemins de ronde superposés participent au système défensif du château dominé par un donjon et huit puissantes tours. Un bestiaire fantastique, ainsi que les gargouilles les plus étranges les unes que les autres gardent les lieux tandis que passerelles, portiques et galeries font de la forteresse un labyrinthe propre à la rêverie. Usant de son imagination pour restituer les salles du château de Pierrefonds, l’architecte, tantôt théoricien et archéologue, puise son inspiration dans l’architecture militaire gothique et l’art de la Renaissance. La modernité s’y exprime néanmoins dans les décors avec les premiers accents de l’Art nouveau. Si la salle des Preuses, par son gigantisme autant que par son ornementation, constitue un des centres d’intérêt majeur du parcours du visiteur, c’est pour les mêmes raisons qu’un vaste chantier de restauration est engagé jusque fin 2023. Restauration des charpentes, toitures, façades, vitrerie et décors imposent la fermeture de cette pièce d’apparat haute de 12 mètres pour 52 mètres de longueur. Une maquette présentée dans la salle des armes de poing permet de mieux comprendre les enjeux de vaste chantier.

Château de Pierrefonds
©elsa-cyril

Au fur et à mesure du chantier, interrompu par la chute du Second Empire, le projet de Napoléon III évolue progressivement d’une résidence impériale à un musée ouvert au public. Le mobilier n’est donc réalisé que partiellement à partir des dessins d’Eugène Viollet-le Duc. Après sa mort en 1879, c’est son gendre, Maurice Ouradou, qui le remplaça à la tête des travaux auxquels l’Etat met un terme en 1885. Classé en 1862 au titre des monuments historiques, la forteresse est aujourd’hui gérée par le Centre des Monuments Nationaux. Le Château de Pierrefonds n’a jamais laissé indifférent, après avoir été décrié, il est au XXIe siècle considéré comme une œuvre emblématique.

Château de Pierrefonds vue de l'intérieur de la cours

Un château très prisé pour les décors de cinéma

Des films “Jeanne d’Arc” de Luc Besson ou ”Les Visiteurs” de Christian Clavier aux séries télévisées française ou étrangères (« Merlin » ou les « Rois maudits »), le château de Pierrefonds attire de nombreux réalisateurs. Même Michael Jackson, en a été admiratif au point d’en faire réaliser une maquette dans son ranch californien,

 

Château de Pierrefonds vue du ciel

Le château se refait une beauté

Les façades et toitures de l’aile des Preuses, la tour Alexandre et la tour Godefroy de Bouillon vont bénéficier d’une restauration jamais entreprise depuis 150 ans.

Un bilan complet des altérations des façades et toitures de l’aile des Preuses et de la tour Alexandre a mis en lumière les désordres causés par les effets du temps et les eaux de pluie. Les façades en pierre sculptée sont en effet dégradées. Les décors peints de la salle des Preuses sont également détériorés en raison de la toiture dont les ardoises sont à bout d’usage, entraînant une mauvaise étanchéité et des infiltrations, à laquelle s’ajoutent le mouvement de la charpente métallique en raison des phénomènes de dilatation-rétractation. 

Depuis l’été 2022 le montage d’un spectaculaire échafaudage couvre l’intégralité de l’aile des Preuses sous un parapluie, cette installation s’avérant nécessaire pour mener à bien ce chantier qui prendra fin en décembre 2023.

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